Les crises non-épileptiques psychogènes (CNEP) sont des épisodes qui ressemblent étroitement aux crises épileptiques, mais qui ne présentent aucune anomalie électrique dans le cerveau. Ces crises, également appelées "crises dissociatives", "crises fonctionnelles", "crises psychogènes" ou "pseudocrises", nécessitent une approche diagnostique et thérapeutique différente de celle de l’épilepsie.

Différences entre les crises d’épilepsie et les CNEP

Bien que les crises d’épilepsie et les CNEP puissent se ressembler dans leur apparence, il est crucial de comprendre qu’il s’agit de deux affections distinctes avec des causes et des traitements différents. Pour diagnostiquer les CNEP, un bilan médical complet réalisé par un neurologue est nécessaire, notamment avec des électro-encéphalogrammes (EEG) pour exclure toute activité épileptique. Il est également important de noter que certains patients peuvent présenter à la fois des crises d’épilepsie et des CNEP, et dans de tels cas, un suivi médical étroit est essentiel pour une gestion efficace.

Les CNEP : Une maladie reconnue

Les CNEP sont une véritable maladie reconnue par la médecine. Elles sont répertoriées dans la Classification Internationale des Maladies (CIM) sous la catégorie des "troubles dissociatifs". Il est essentiel de comprendre que les patients atteints de CNEP ne simulent pas les crises, mais souffrent d’une véritable pathologie qui peut être très handicapante au quotidien. Bien que l’épilepsie soit plus connue du grand public, il est crucial de faire la distinction entre ces deux affections pour recevoir le traitement approprié.

Traitement des CNEP : La psychothérapie comme pilier

Contrairement aux médicaments antiépileptiques, qui ne sont pas efficaces pour traiter les CNEP, la psychothérapie est le traitement de référence. Il existe plusieurs types de psychothérapies qui peuvent être utilisées, notamment les thérapies comportementales et cognitives (TCC), les thérapies psychanalytiques, les thérapies systémiques familiales, l’EMDR, l’hypnose, la méditation de pleine conscience et la relaxation. Les TCC sont les plus couramment utilisées et ont prouvé leur efficacité dans le traitement des CNEP. Cependant, chaque patient est unique, et le choix de la psychothérapie dépendra de ses besoins et de sa situation individuelle.

Causes des CNEP : Un tableau complexe

Les connaissances scientifiques sur les causes des CNEP sont encore limitées, mais il est établi qu’elles peuvent être multifactorielles. Différents facteurs peuvent contribuer au déclenchement des crises, tels que le stress, les frustrations, les traumatismes passés, les difficultés à gérer les émotions et les tendances dissociatives. Chez certains patients, les crises peuvent survenir lors de situations stressantes ou suite à des émotions intenses, tandis que d’autres peuvent avoir des difficultés à identifier et à exprimer leurs émotions. Il est également important de souligner que des antécédents de traumatismes psychiques, tels que des maltraitances ou des abus, peuvent être associés aux CNEP.

Prise en charge médicale et suivi régulier

Il est essentiel pour les patients atteints de CNEP de bénéficier d’une prise en charge médicale et d’un suivi régulier. Un diagnostic précis établi par un neurologue est la première étape pour déterminer la nature des crises et exclure toute activité épileptique. Ensuite, la psychothérapie adaptée à chaque patient est indispensable pour aider à comprendre, gérer et éventuellement éliminer les crises. Il est également crucial de noter que l’arrêt progressif des médicaments antiépileptiques est généralement recommandé une fois le diagnostic de CNEP établi. Cependant, chaque cas est unique, et il est essentiel de suivre les recommandations médicales spécifiques à chaque situation.

Prévalence des CNEP et sensibilisation

Les CNEP sont relativement fréquentes, touchant entre 2 et 33 personnes sur 100 000. Cependant, de nombreux patients ne sont pas diagnostiqués correctement et sont souvent considérés comme épileptiques. Cette méconnaissance de la maladie peut entraîner une prise en charge inadéquate et l’utilisation inutile de médicaments antiépileptiques. Il est donc crucial de sensibiliser le grand public et les professionnels de la santé à l’existence des CNEP et à la nécessité d’un diagnostic précis.

Perspectives et espoir pour les patients atteints de CNEP

Bien que vivre avec des CNEP puisse être difficile, il est important de souligner que de nombreux patients peuvent aller mieux voire guérir complètement grâce à une prise en charge adaptée. La psychothérapie, associée à un suivi médical régulier, permet aux patients de mieux comprendre leurs crises, de développer des mécanismes de gestion des émotions et de retrouver une meilleure qualité de vie. Il est essentiel que les patients atteints de CNEP ne se découragent pas et recherchent l’aide dont ils ont besoin pour vivre pleinement leur vie, malgré les défis posés par cette affection.

Conclusion

Les crises non-épileptiques psychogènes sont une pathologie complexe et souvent méconnue, mais elles peuvent être diagnostiquées et traitées avec succès. Les patients atteints de CNEP doivent bénéficier d’une prise en charge médicale et psychologique appropriée pour mieux comprendre et gérer leurs crises. La sensibilisation du grand public et des professionnels de la santé est essentielle pour garantir un diagnostic précoce et un traitement adéquat. Avec un suivi médical régulier et une thérapie adaptée, les patients atteints de CNEP peuvent espérer améliorer leur qualité de vie et retrouver un équilibre émotionnel.

Quelles sont les Causes des Crises ?

Leur compréhension nécessite une approche multidimensionnelle, qui peut être élégamment résumée par la règle des 3P : Facteurs Prédisposants, Précipitants et Perpétuants. Cette règle permet de décomposer la complexité des CNEP en éléments plus digestes, offrant ainsi une vision plus claire des multiples facettes de cette condition.

Facteurs Prédisposants :

Ces facteurs favorisent l’apparition des premières crises psychogènes. Ils se classent en plusieurs catégories :

Neurologiques :

  • Présence d’une épilepsie associée,
  • Traumatisme crânien,
  • Difficultés d’apprentissage,
  • Anomalies à l’IRM cérébrale.

Psychologiques :

  • Dépression, troubles anxieux, stress post-traumatique,
  • Forte tendance dissociative,
  • Alexithymie (difficulté à identifier, différencier et exprimer ses émotions ou celles d’autrui).

Traumatiques :

  • Violences physiques, sexuelles,
  • Maltraitance affective, harcèlement,
  • Décès violent, maladie grave chez un proche, etc.

Facteurs Précipitants :

Ces facteurs déclenchent ou favorisent le déclenchement d’une crise. On retrouve notamment :

  • Nouveau traumatisme,
  • Rappel traumatique,
  • Situations stressantes ou conflictuelles,
  • Anxiété, tristesse, colère, etc.
  • Sentiment d’impuissance, d’incapacité,
  • Fatigue,
  • Émotions positives,
  • Consultations et examens médicaux.

Facteurs Perpétuants :

Ces facteurs favorisent le maintien de l’état de fragilité face au risque de CNEP.

Liés au patient :

  • Stress, anxiété, dépression, etc.
  • Arrêt de la scolarité, travail, baisse de revenus,
  • Refus de causalité psychogène émotionnelle.

Liés à son entourage :

  • Anxiété, questionnements sur la gravité,
  • Attention démesurée,
  • Surprotection avec surveillance accrue.

Liés au milieu médical :

  • Multiplication des examens et consultations,
  • Erreur de diagnostic, prescription d’anticonvulsivants,
  • Discours divergents entre les professionnels.

Tout le monde ne présente pas l’ensemble de ces facteurs. Mais la variabilité et la complexité des CNEP demeurent indéniables. Chaque individu vivant avec cette condition unique peut être confronté à un ensemble différent de défis. Cela souligne l’importance d’une approche individualisée dans le diagnostic et la gestion des CNEP, afin d’adapter au mieux les soins et le soutien à chaque personne concernée.
Source de la liste des facteurs : Coraline Hingray